Go a été imaginé et conçu par les équipes de Layer, un studio de design industriel londonien. Le studio n’invente qu’à partir des expériences tangibles et quotidiennes, pour apporter plus de sens aux produits, et du mieux-être aux utilisateurs.
B enjamin Hubert, fondateur et directeur du studio Layer, exerce depuis une quinzaine d’années à son compte. À 26 ans, après avoir fait ses armes en agence, il monte sa structure avec l’envie de nous replacer, utilisateurs parfois délaissés, au centre des projets. Son studio prend donc une forme pluridisciplinaire affichée, accordant lors de longues phases de recherches autant d’importance au corps médical qu’au corps générationnel malmené ou qu’au corps individuel gêné par ses spécificités, autant d’importance aux bénéfices indéniables apportés par de nobles matières premières qu’à ceux apportés par des plastiques aux qualités parfois irremplaçables en termes d’ergonomie, autant d’importance à l’étude de l’anatomie qu’à celle des sociétés, autant d’importance encore à l’esthétique qu’à l’utilitaire, et beaucoup moins d’importance aux consommateurs qu’à l’utilisateur.
Go est le résultat de deux ans de recherche et de développement ayant impliqué des médecins, des ergonomes, des orthopédistes, et surtout, des personnes se déplaçant, cuisinant, travaillant, lisant, jouant, riant, dansant, vivant en fauteuil.
La volonté initiale était de redonner à la personne sa place légitime, tant le fauteuil s’impose comme caractéristique faussement principale de son utilisateur. Et ne permet souvent pas à celui-ci de se présenter sous son meilleur jour. Le studio retire par exemple de ses rencontres avec des quadriplegiques que leurs pieds pointent irrémédiablement vers l’intérieur sur les barres de repos des fauteuils classiques. Et beaucoup s’en sentent frustrés car ils pourraient positionner leurs pieds moins « en dedans », et gagneraient ainsi en assurance. Le corps parle.
Autre aspect qui tombe sous le sens mais n’avait jamais abouti à un tel projet : chaque utilisateur a une histoire corporelle spécifique, et des besoins qui en découlent. Une pathologie de la colonne nécessiterait sans doute un dossier adapté à une certaine morphologie plus que du simple rembourrage, quand une compensation au niveau du bassin nécessiterait une inclinaison spécifique de l’assise.
Comment adapter au mieux un dispositif de mobilité à chaque individu? Les technologies et l’impression 3D font ici leur entrée avec Materialize, pionnier belge de cette technologie qui développe, avec Layer, un processus de collecte des données anatomiques de chaque utilisateur par scan. Ces données, avec l’intervention du corps médical, permettent d’imaginer « LE » fauteuil le plus ergonomique possible, et apportant le plus de bénéfice au quotidien ET sur le long terme. Les fichiers d’impression 3D sont ainsi créés en fonction de chaque morphologie, pathologie, des habitudes de vie, et l’imprimante matérialise le fauteuil.
Petit plus technologique ici encore : en dehors du dossier et de l’assise faits sur mesure, l’utilisateur peut customiser son fauteuil : poignées, repose-pieds, couleur… via une appli sur smartphone, et suivre la progression de la fabrication, évaluée à 3 semaines (contre 6 à 8 pour un fauteuil classique).
Si le GO, issu d’un studio de design pionnier dans l’impression de fauteuil roulant en 3D, risque d’être onéreux, je pense qu’il ouvre la voie à ce type de procédé, et nous fait ouvrir les yeux à la fois sur le handicap, et sur les possibilités de la biométrie alliée à l’impression 3D appliquées aux dispositifs médicaux. Gageons que les coûts d’impression seront rapidement réduits avec la démocratisation de cette technologie.
Pour en savoir plus : Le site de Layer (en anglais) et de Materialize (en français).