Ivan, Owen et Liam. Un menuisier, un ingénieur, et un enfant. Le premier perd trois doigts en travaillant, le second s’intéresse à la 3D, le troisième insuffle la motivation nécessaire à un grand projet.
R ichard van As se blesse gravement avec une scie et y laisse trois doigts. Pour continuer à exercer son métier d’artisan du bois, il réfléchit dès sa sortie de l’hôpital (et aux vues du coût des prothèses) à un moyen ingénieux de parer au manque de son outil premier. Il réfléchit, se documente, recherche, glane des informations, et découvre une vidéo de Ivan Owen traitant d’une main mécanique. Contact est pris. Les deux hommes, l’un depuis l’Afrique du Sud, l’autre depuis les États-Unis, échangent sur leur projet et leur vision commune : imaginer un mécanisme simple, adaptable, et à coût minimal qui permette à tous les travailleurs manuels amputés d’un ou plusieurs doigts de continuer à travailler.
Initialement, les deux hommes penchent sur un doigt mécanique, « Robofinger » qui permette la préhension et la stabilisation d’objets ou d’outils. Le dispositif serait simplement enfilé et stabilisé sur la main et le poignet. Le mécanisme de câbles serait lui actionné par les muscles et articulations valides, provoquant une flexion du doigt mécanique.
Conscients que les belles rencontres font les beaux projets, ils créent une page facebook, documentent leurs avancées, qui sont relayées par leur famille et leurs amis. Et les amis de la famille, et la famille des amis d’amis, jusqu’à la maman de Liam, né avec une malformation de sa main, dépourvue de doigts.
D’un « Robofinger » permettant de tenir de petits objets et stabiliser des outils, Liam fait passer le projet à une « Robohand » permettant d’attraper des jouets, de lancer des camions de pompiers à toute vitesse, ou de lancer une balle. Le projet dérive, s’étoffe, s’envole, et la 3D s’en mêle.
MakerBot notamment, fabricant d’imprimante 3D, est séduit par l’idée et impressionné par la qualité du travail de Richard et Ivan. La société les équipe gracieusement de deux imprimantes 3D, et le prototypage peut commencer. Deux ans après l’accident de Richard, Liam, et d’autres enfants par la suite, sont équipés de leur Robohand. Le Robofinger suivra.
Aujourd’hui, Robohand porte toujours les valeurs de service et de bienveillance initiales : les plans 3D sont en open source, disponibles gratuitement sur la plateforme Thingiverse. Une fois les plans téléchargés, une Robohand peut être imprimée en 3D et assemblée pour environ 150$, quand une prothèse peut en couter plusieurs milliers. Et les enfants grandissent. Leurs mains de remplacement doivent pouvoir grandir proportionnellement. Rendre les plans disponibles en open source signifie également que ceux-ci sont modifiables et personnalisables en fonction des besoins, spécificités, goûts de chacun, et vous pourrez découvrir sur Thingiverse toutes les évolutions de Robohand.
Je suis très touchée par ce projet. Une idée, de la volonté, du savoir-faire, de la modestie. Et un bénéfice que les gens comme moi – qui enfilent leurs chaussettes, font leurs lacets, découpent leurs légumes et s’attachent les cheveux sans y penser – ne peuvent sans doute pas mesurer.
Pour en savoir plus : Robohand.net (en anglais) et Thingiverse.com (en anglais également).